Patrimoine Dilbeekois

La légende de Sainte Alène

Sainte Alène résiste aux soldats en s’accrochant de toutes ses forces à un arbre.

Sainte Alène a sa légende et son culte bien ancrés dans le terroir bruxellois. Mais remise dans son contexte, cette légende de sainte Alène (Aline en France) se rapporte à la période de conversion des païens francs. Or les Francs sont issus des tribus germaniques qui conquirent la Gaule au Ve siècle de notre ère. Il n’est donc pas étonnant que la sainte soit également vénérée dans les pays germaniques et slaves (Alina, Lena, Ilona, Aljona).

Un jour, Levoldus (Leeuwold en langue locale) seigneur franc de Dilbeek resté fidèle aux dieux anciens, chassait sur les bords de la Senne. Parvenu sur les terres de l’actuelle commune de Forest, il fit la rencontre d’un ermite chrétien. Celui-ci tenta, sans succès, de le convertir. De retour chez lui, Levoldus raconta sa rencontre avec l’ermite aux membres de sa famille. Sa fille, Alène (ou Aline), se sentit attirée par la doctrine chrétienne et, à la grande fureur de son père, décida de rencontrer l’ermite et de se faire baptiser. Bientôt, tous les matins, elle quittait le château de Dilbeek pour aller entendre la messe à Forest, en la petite église paroissiale dédiée à saint Denis. Mais son père, furieux de la voir s’intéresser à cette nouvelle religion qu’il considérait comme une religion pour les faibles, le lui interdit. Elle ne tint toutefois pas compte de cet ordre et s’arrangea pour s’échapper de nuit du château pour aller assister à l’office matinal à Forest. On dit même qu’elle soudoya le gardien chargé par son père de la surveiller en lui donnant ses perles.

Un jour de l’an 640, alors qu’elle se rendait à son oratoire comme chaque matin à l’aube, toujours à l’insu de ses parents, Alène fut pistée par les gardes de son père, sans qu’elle s’en aperçoive. Et soudain, sous les regards ébahis de ses suiveurs, Alène, pour rejoindre son église au plus vite, marcha sur les eaux de la Senne ! « Sorcellerie de chrétien ! », s’exclama le seigneur de Dilbeek en écoutant leur rapport, et d’ordonner à ses hommes de lui ramener sa fille de gré ou de force. Alène fut enchaînée mais elle se débattit tant et si bien qu’un bras lui fut arraché durant la lutte. Alène tomba morte. Là, un ange apparut et emporta le bras de la jeune fille pour aller le déposer sur l’autel de l’église Saint-Denis. Reconnaissant le bras de la jeune fille, le curé et le seigneur du lieu crièrent évidemment au miracle. Ils ramenèrent la dépouille mortelle d’Alène dans la petite église et l’ensevelirent dans un sarcophage sous une chapelle construite en son honneur. Bientôt une rumeur se répandit : de nombreux prodiges et de non moins nombreuses guérisons miraculeuses se produisaient devant le tombeau d’Alène. Ainsi, un certain seigneur Osmonde, aveugle et impotent, informa Levoldus de son intention de se rendre sur la tombe de sainte Alène pour y trouver la guérison. Ce à quoi Levoldus répondit que s’il revenait guéri, il se convertirait lui-même immédiatement au christianisme. Et, si l’on en croit la légende, il en fut ainsi : Osmonde se rendit sur la tombe de sainte Alène, fut guéri, revint chez Levoldus, qui se convertit – de même que son épouse – changea son nom en Harold et confessa publiquement être l’auteur du martyre de sa fille. Harold et Hildegarde firent élever, à Dilbeek, la chapelle Saint-Ambroise où ils se firent enterrer. Depuis, leur sainte fille est invoquée dans l’église Saint-Denis de Forest pour la guérison des maladies des yeux et de la peau. On peut encore y admirer de nos jours, dans le chœur de la chapelle qui lui est dédiée, une très belle châsse en argent réalisée en 1644 ainsi qu’un reliquaire conservant un os du bras et un autre de la mâchoire de la sainte.

 

De nombreuses chapelles où les fidèles pouvaient l’invoquer pour obtenir la guérison des maladies de la peau et des yeux, ont été érigées en son honneur un peu partout en Brabant au cours des âges telle celle située au bout de la Weerstanderslaan non loin de notre local.
Une très jolie statue polychrome de la sainte peut aussi être admirée dans l’autel du transept droit de la belle église Sint-Ambrosius de Dilbeek.
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Sources :
Guides des communes de la Région Bruxelloise, Forest, CFC-Editions, 2001, p. 3-21
http://www.forest.irisnet.be/fr/decouvrir-forest/tourisme/patrimoine-historique/leglise-saint-denis
http://mirandum.wifeo.com/les-personnes.php
Editorial de Ginette De Corte paru dans le N° 66 du bulletin de l’ACD (Sept./Oct. 2013)