A la découverte de Tournai

Pour découvrir notre lieu de destination, depuis Dilbeek, parcourons à tire d’aile quelque 86 km. Posons-nous un instant sur la rive gauche de l’Escaut, source de vie, « rivière brillante » en pays celte.
Voici donc l’une des trois plus anciennes villes gallo-romaines de Belgique. Cité royale sous Childéric (roi mérovingien, père de Clovis), cette ville a été la première capitale de la future France. Elle a fait partie du comté de Flandre, elle fut un bref moment anglaise, puis espagnole, autrichienne, hollandaise… avant de devenir enfin belge !
Levons les yeux et, touchant le ciel, 5 clochers nous émerveillent alors que résonnent les joyeuses notes du carillon du beffroi communal.

 

T O U R N A I
… au fil des siècles, au fil de l’Escaut…

La ville vibre du double héritage culturel, flamand et wallon, le plus richement représenté dans le domaine artistique et dont, actuellement, la prestigieuse école d’art et d’architecture de Saint-Luc en assure le rayonnement avec ses quelque 4 000 étudiants.
Lieux de ralliement : la Grand-Place et l’Office du Tourisme (situé juste à l’arrière de la cathédrale) au n° 1 de la Place Paul-Emile Janson. La documentation illustrée, très complète et le plan de la ville nous guideront dans notre circuit.

Etymologie du toponyme « Tournai »

Nous retrouvons la racine celte la plus ancienne « TUR » = hauteur. Le bourg, dépendant du territoire des Ménapiens (peuple celtique de la Gaule, IVe s. avant J-C), est en effet installé sur la rive gauche de l’Escaut, surélevée et à l’abri des inondations.
Au 1er siècle avant J-C, après la conquête de la Gaule par Jules César, le toponyme est latinisé par le suffixe « acum » : TURNACUM.
C’est au bas Moyen Âge que la notation « TORNAI » est la plus usitée dans les archives en langue romane.

Le coeur historique

Un parcours entre 2 et 5 km nous attend au départ de la Grand-Place en forme de triangle dont le beffroi marque la pointe.

 

 

Nous sommes immédiatement plongés dans une atmosphère conviviale et joyeusement animée, reflet du caractère ouvert et accueillant des habitants flânant d’échoppe en échoppe lors du marché du samedi matin ou dégustant à l’une des nombreuses terrasses des brasseries, une « Brunehaut bio » ou une « Saint-Martin » ou encore un excellent café « 5 clochers »… productions artisanales, garanties de l’attachement des Tournaisiens à leur terroir.

 

  1. Hommage à Marie-Christine de Lalaing

 

Au centre, nous ne pouvons quitter du regard cet « imposant statuaire figuratif qui rend hommage » à Marie-Christine de Lalaing (1545-1582), princesse catholique d’Epinoy et héroïne lors des guerres de religion pour avoir pris la défense des convertis à la Réforme.
Cheveux au vent, prête au combat contre les troupes espagnoles assiégeant Tournai en 1581, nous l’entendons encore lancer fièrement : « C’est moi, la femme du gouverneur qui marche à votre tête et sais braver la mort pour le service de la patrie ; suivez mon exemple, je quitterai plutôt la vie que la brêche. »

 

 

 

  1. La cathédrale Notre-Dame classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000.

Du passé historique de la ville, l’édifice religieux révèle son double héritage culturel flamand et wallon
– dans le choeur gothique « Notre-Dame flamande » (1254), élément précurseur de l’art scaldien, typiquement flamand,
– et dans les deux plus importantes châsses de la cathédrale : la châsse de Saint Eleuthère et celle de Saint Piat, personnifications de l’art mosan, typiquement wallon.

L’édifice grandiose est à lui seul un livre dont l’histoire architecturale s’est écrite dans la pierre. Gigantisme extérieur et proportions impressionnantes. Une fois le porche franchi, l’émotion nous étreint. C’est un émerveillement ! Notre regard parcourt les 134 m jusqu’au choeur gothique, traverse le transept et nos yeux cherchent la clé de voûte de la tour lanterne…
La voilà ! Elle s’élève à plus de 50 m et sa croisée d’ogives, surmontée des 5 clochers, donne à la cathédrale une incomparable majesté. L’imposante rosace de 7 m de diamètre surplombant les grandes orgues, diffuse une douce lumière… Tout y est contraste et cependant tout y est harmonie !
Il nous reste encore tant à voir ! Poursuivons notre visite par la chapelle gothique Saint-Louis (à droite) dans la nef ; les précieux vitraux du XVe siècle, dans le transept et une toile de Rubens, Le Purgatoire ; pour terminer par la salle du Trésor : une tapisserie d’Arras (1402) qui provient de la chapelle Saint-Esprit et qui relate, en 14 tableaux, la vie des saints Piat et Eleuthère ; divers objets de culte entre les XIIe et XIXe siècle, un diptyque carolingien en ivoire et les 2 châsses du XIIIe siècle.

 

                                                                                         

 

  1. Le Beffroi classé en 1999 au patrimoine mondial de l’UNESCO

C’est le plus ancien du pays, sa construction date de 1188 suite à l’octroi de la charte des libertés communales par le roi de France, Philippe-Auguste (1165-1223).

Fièrement, devant nous, il a poussé à 72 m de haut. Il fallait en effet que le guetteur puisse voir au-delà du clocher de la cathédrale.

Le droit de « cloque » obtenu de Philippe-Auguste par les bourgeois est le 1er symbole de la séparation du pouvoir civil de celui du clergé. Les cloches du beffroi retentissaient pour appeler les échevins, lors des procès, des exécutions, des invasions, des incendies…

N.B. Espérons la fin rapide des travaux de consolidation de l’escalier pour gravir les 257 marches car la vue panoramique vaut l’effort sportif !

 

 

  1. La Halle aux Draps

Bâtiment civil construit en bois au XIIIe siècle, pour la vente des étoffes, dont l’activité artisanale avait fait la réputation de la ville et de toute la région.

 

 

La Halle aux Draps subit les affres du temps (incendie, démolition…) et fut reconstruite au XVIIe s. dans le style renaissance (inspirée de l’hôtel de ville de Gand). Sa façade au rez-de-chaussée rappelle par ses quelques arcs brisés, le style gothique. Jouxtant l’édifice, se dresse, depuis 1612, la Conciergerie.

 

  1. L’église Saint-Quentin

Cet édifice religieux nous apparaît tel un château-fort, avec en façade ses 2 tours d’angle et sa tour carrée, type donjon. Nous remarquerons son intérieur au style épuré, sa nef romane de la fin du XIIe siècle, son transept et son choeur avec voûtes en ogive marquant la transition entre le roman et le gothique et ses deux chapelles circulaires.

 

Dernière visite de la matinée :

6. Fortrouge

Cette tour d’angle défensive avec archères, de 12 m de diamètre, faisant partie de la 1ère enceinte communale du XIIe siècle fut construite sous l’impulsion du roi de France, Philippe-Auguste. Elle doit son nom à la couleur rouge de ses tuiles.

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Qui pense arrêt déjeuner ? Oui, il est grand temps ! Le guide du ROUTARD nous renseigne un restaurant, que j’ai testé et vraiment apprécié pour l’excellence des plats faits maison et pour la truculence du patron aux fourneaux : L’Îlot Doré (rue Dorez, 13B – Tél.
069 84 19 33 – contact@lilotdore.be). Spécialité : le pavé d’aloyau de boeuf aux échalotes… à tomber de sa chaise !

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Nous nous relevons et partons en direction des quais le long de l’Escaut. Nous poursuivons dans la rue Dorez, passons par la Place de Lille, la rue des Carmes, entrons dans le quartier Saint-Jacques et devant l’église éponyme, nous poursuivons dans la rue Madeleine, puis dans la rue J- F Peterinck… Voilà enfin, le célèbre pont !

 

Le Pont des Trous

De grands travaux entrepris en 2019, et toujours en cours, ont déconstruit les trois arches dans le but d’augmenter le gabarit navigable pour ensuite, les reconstruire en agrandissant l’arche centrale. Ces travaux ne nous permettent donc pas d’admirer tel qu’il était cet unique vestige gothique de l’architecture militaire fluviale.

 

En attendant qu’il retrouve son prestige, penchons-nous un moment sur son histoire et sur son nom particulier :
– construit à la fin du XIIIe siècle, enjambant l’Escaut, il aura bien servi pendant des siècles à la défense de Tournai. Ancienne porte d’eau encadrée de deux tours (courtine avec archères), il faisait partie de la 2e enceinte (18 portes) et d’imposantes grilles coulissantes permettaient de barrer le cours du fleuve.
– son nom lui vient du latin : « pontem » = le pont (on retrouve aussi la racine indo-européenne : pent = voie de passage) et « traucum » = ouverture, cavité naturelle ou artificielle au travers d’un volume. Voilà pourquoi ce pont fut baptisé de la sorte : 3 cavités artificielles (les 3 arches) dans un volume (fondation, mur, contrefort).
Par beau temps, les rives de l’Escaut nous incitent à la flânerie et au repos. Prenons place sur un banc et le guide touristique en main, nous nous rendons compte qu’il faudra revenir à Tournai pour profiter de la découverte de bien d’autres vestiges et sites emblématiques, ainsi que des produits du terroir.

 

Chloé Bindels
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Sources :
Guide touristique:VisitTournai, éd.2020 -Wallonie tourisme CGT – Office du Tourisme
Place Paul-Emile Janson, 1 – B 7500 Tournai – 0032 69 22 20 45
Le Routard : Belgique 2018 – Editions Hachette Tourisme
La Belgique gauloise : mythes et archéologies, Eugène Warmenbol, éd. Racine
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Tournai
https://www.tournai.be – Découvrir Tournai
https://www.visittournai.be/impressionnant/